Laissez moi vous conter une histoire. Nous sommes en 2013, époque plutôt avancée d’un point de vue sociologique où le schéma famille avec deux enfants n’est plus la seule norme. Aujourd’hui nous avons des familles monoparentales, des couples sans enfants, des célibataires, des pas vraiment en couple, des pas vraiment mariés, des étudiants qui se regroupent mais aussi des amis dans la trentaine qui peuvent un jour se dire :

« Hé les copains, et si au lieu de tous vivre séparément dans des petits apparts, on se louait une grande baraque en commun ? Après tout on est toujours fourré ensemble ».

Belle idée n’est-ce pas ? Surtout quand le cumul des revenus de 5 personnes permet d’arriver à une coquette somme rarement atteignable pour un couple. Coquette somme qui permet dans l’idée d’accéder à des biens immobiliers du type baraque de 200m² . C’est ainsi qu’est née notre idée de colocation. On se voyait déjà au bord de la piscine, en train de siroter des bières en attendant que la viande finisse de cuire sur le barbecue. Mais avant ça, il faut dégoter le Grâal : le bien immobilier.

On pensait avoir tout pour nous :

  • des revenus confortables qui sont équivalent à 5 fois le montant du loyer du type de bien que l’on vise
  • des profils plutôt sécuritaires pour des propriétaires : des ingénieurs en CDI et des chefs d’entreprise
  • une moyenne d’âge dans la trentaine plus synonyme de soirée pépére que de fiesta d’étudiants

Et pourtant, en commençant à chercher des biens nous nous sommes confrontés à un mur d’incompréhension et de conneries. Parmi les raisons les plus souvent invoquées pour nous refuser la visite voir le dossier.

  • nous préférons une famille traditionnelle car avec une colocation la maison ne sera pas entretenue

> Oui bien sûr 5 personnes au lieu de deux c’est évident la maison va partir en miettes. En plus on est des porcs, on est allergique au ménage et on adore vivre dans les détritus quand on a notre age et qu’on bosse 50 heures par semaine

  • si l’un de vous quitte la colocation, tout le monde doit partir et donc je dois retrouver des locataires

> Si l’un de nous quitte la colocation sachez que financièrement même à 3 sur 5 on peut assumer votre chère demeure. Sachez aussi que si l’envie nous prend de remplacer l’horrible lâcheur, vous avez tout de même le dernier mot concernant son dossier. On dit ça on dit rien…

  • mais la colocation à votre âge c’est bizarre, je ne comprends pas vraiment, vous êtes un groupe échangiste ?

> Celle là on nous l’a pas sorti clairement mais on nous l’a suggéré. Ca se passe de commentaire

  • j’ai déjà testé la colocation, j’en ai un très mauvais souvenir, je ne veux pas retenter l’expérience.

> c’est bien connu tout le monde est pareil. Tous des mauvais payeurs et des casseurs. Sérieusement, tirons nous un peu les cheveux, refuseriez-vous de louer à un bien à un couple sous prétexte que le mari est garagiste et que votre ancien locataire garagiste lui aussi vous a posé des problèmes ? Non hein ? ben là c’est pareil.

Voilà quelques unes des raisons que l’on nous a sortie. Aucune n’est justifiée et toutes  puent la peur. Une peur non justifiée dans notre cas quand on nous connaît.
Aujourd’hui ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Des propriétaires nous ont fait poireauter 3 semaines. Apparemment notre dossier leur convenait mais ils ont préféré continuer à chercher, au cas où la parfaite famille se présente. C’est ce qu’il s’est finalement passé. La raison invoquée pour nous refuser la maison ? Trop compliqué si l’un de nous quitte la colocation.

Messieurs et mesdames les propriétaires, laissez-moi vous dire une chose. J’espère de tout coeur pour vous et vos enfants, que vous finirez un jour par chasser la merde que vous avez dans les yeux. Avec un peu de chance ça vous aérera les neurones et ça vous rendra moins con.